La dernière victoire a laissé des plumes, un certain nombre de blessés et beaucoup d’organismes fatigués. Bref, le défi est réel pour nos U16.
Il deviendra improbable à notre arrivée sur place lorsque l’on constate que l’adversaire a fait redescendre des joueurs élites. Qu’on se le dise, notre dernière victoire nous a fait changer de statut.
Désormais nous seront respectés, mais aussi attendus.
Pour ce match particulier, les consignes sont claires. Il faut forcer l’adversaires à faire 80m pour marquer, jouer chez eux et mettre la pression. Pour le rugby total, le rugby de folie, on verra plus tard, il faut faire avec les conditions du jour et savoir adapter son plan.
La consigne est parfaitement respectée au début de match. Malgré un 10 adverse d’un niveau stratosphérique et quelques gabarits hors normes, Dijon ne franchit pas nos lignes et dès qu’ils arrivent chez nous, nos valeureux cadets grattent la balle et récupèrent de précieux ballons.
Autant le dire tout de suite, ce match sera une course de formule 1 où le coude à coude sera épique.
Premier tournant du circuit. Après un coup de pied profitant de la règle des « 50-22 », touche pour Antony.
Préparer la veille à l’entraînement, la combinaison « surprise » est annoncée. Touche prise, maul, départ du 2 petit côté, ailier au soutien, essai. Première incursion, on marque. Douche froide pour nos adversaires, incroyable réalisme pour nous
Deuxième tournant, portés par une agressivité qui commence à devenir une marque de fabrique, Antony enchaîne les pénalités et se retrouve acculé dans son camp. L’adversaire insiste et veut scorer pour repasser devant.
On résiste mais nos jeunes enchaînent les fautes comme d’autres enfilent les perles. Conséquence logique, carton blanc, essai de Dijon, 7-5.
Loin de renoncer et fidèles à leurs valeurs, nos jeunes ne lâchent pas et restent au contact. Sur le bord, l’impression est nette. Bien emmenés par un 10 de gala, les locaux mettent progressivement, inexorablement la main sur le match.
A l’arrêt au stand, il n’y a que 2 points d’écart.
Premier miracle (mérité). Et qu’on se le dise, si l’adversaire veut gagner, il devra aller chercher sa victoire car nous ne lâcherons jamais !
Hélas, dès la reprise, ce sont les dijonnais qui continuent leur travail de sape et il devient difficile de rester dans le camp adverse.
Et sur quelques ballons regagnés de haute lutte, Antony tente tout de même de faire du jeu, de remettre la main sur la balle et commence même à revenir par quelques actions avortées sur des erreurs techniques évitables.
Et c’est à ce moment même, lors de ce regain d’énergie, que le troisième tournant à lieu.
A trop se rapprocher de la voiture de devant, on peut se bruler le capot.
Sur une attaque bien amorcée, un jeu dans le sens comme voulu, belle montée adverse, on choisit d’écarter, interception. Essai entre les poteaux, 14-5. C’est le coup de poignard…
Pour nos jeunes, c’est la tête à queue, l’adversaire prend le large et le coup est rude…
Lors des changements, certains pleurent de frustration, de déception, dans les regards, l’envie a laissé place au vide. Sur le bord du terrain les compliments pleuvent.
« Vous avez une belle équipe, vous avez fait le max, soyez fiers »
Oui merci, c’est gentil, c’est vrai. Mais c’est dur car ce sentiment de ne pas lutter à armes égales est quand même présent.
Antony plie mais ne rompt pas. Nouvelle faute. L’adversaire prend les 3 points, 17-5.
Le break est fait. La défaite inévitable. Il reste 5 minutes.
Engagement, réception, Dijon remet la main sur la balle. Revient chez nous et obtient la touche.
Touche gagnée, ruck. Contre ruck Antony récupère. Il reste 2 minutes, nous sommes à 10m de notre ligne. Succession de passes, rucks, les joueurs semblent avoir oublié la situation, ou alors l’avoir parfaitement comprise.
Deux rucks et deux passes plus tard, les 22m sont franchis, une-deux funambulesque le long de la touche, et comme un symbole, c’est le capitaine qui conclue le travail par une course de 50m au nez et à la barbe d’un adversaire surpris de voir ce numéro 8 résister et aplatir. Essai transformé, 17-12.
Coup d’envoi adverse, réception. Il reste 1 minute
Dernier tournant, dernier virage. Que va-t-il se passer ? Ils jouent ! Se passent le ballon, avant/après contact.
Plaquage, protection, relance du jeu.
Dans un sens puis dans l’autre. Oh les gars, vous être dans vos 22 !
Les coachs crient « trouve la touche, dégage ton camp ! »
Pour un coach, un joueur qui désobéi au nom du jeu et de la situation, est un joueur épanoui
Les 22m sont franchit, la balle est éjectée, les joueurs sont lancés, l’adversaire recule.
Accélération, crochets, le temps s’arrête, l’adversaire aussi.
50m d’une deuxième course folle, le long de l’autre touche, et c’est l’essai, 17-17.
Le temps est fini, la transformation scellera la fin de la course.
Elle passe, 19-17
Cet exploit, s’il doit revenir en premier aux acteurs, c’est aussi celui de tout un groupe, de toute une entente qui est une réussite grâce aux efforts et à la confiance de chacun en l’autre.
Merci à tout ceux et toutes celles qui œuvrent pour que cette aventure puisse exister et nous permettent, à notre modeste échelle, de participer à l’épanouissement de ces jeunes.
Bravo les gars !!
La griffe du collectif